Mon fantasme le plus prégnant, ce cher rêve récurrent :
On sonne chez moi. Je me dirige vers la porte d’entrée. J’ouvre. Là, juste en face de moi, aussi gracieuse et ravissante qu’elle l’était lorsque je l’ai rencontrée, se tient mon « amoureuse » – virtuelle et platonique – ma plus belle expérience dans le cyberespace. Elle est mon élue. Mais vit loin de moi. Elle est pourtant venue. Elle est là. Juste devant moi. Tendre et souriante, elle s’avance. Et je ne peux m’empêcher – suprême désir, plaisir souverain – de la prendre et la serrer dans mes bras.
Il n’y pas de suite… Ce seul éternel instant suffit à me combler.
Ou presque…
Comment se contenter d’une abstraction, alors qu’on donnerait tout pour la voir devenir réalité ? Au rêve succède la frustration.
Knocking on Heavens’s Door / Bob Dylan.
Walking On Sunshine / Katrina & The Waves. [I just can’t wait till the day when you knock on my door
I just can’t wait till you write me you’re comin around]
C’est un deuil. Une mort sans décès. Quoique, dans les cas extrêmes, elle peut être fatale. Mais, en règle générale, on y survit – ou plutôt on « vit avec ».
A l’inverse (ou par la suite), elle peut générer un authentique et bénéfique soulagement.
Lors d’un court séjour, dans une petite ville située non loin de la mer, je m’étais offert une petite bague de peu de valeur, trouvée par hasard sur l’étal d’un marché de rue. Sur l’anneau de ce colifichet – tout à fait ordinaire et très peu onéreux – était fixé un « smiley » verni légèrement convexe, représentant en quelques traits noirs, un visage souriant sur un fond dont la couleur et le brillant rappelaient ceux de la nacre. C’est d’ailleurs cet aspect qui me poussa à franchir le pas. J’étais accompagné, lors de cet achat, d’une assez jolie jeune femme, qu’apparemment je ne laissais pas indifférente. La réciproque étant également vraie. Nous avions un point commun : le goût et l’envie de rire. Ce dont nous ne nous privions pas lorsque nous étions de sortie ensemble !
Quelque temps après – à force de se coincer dans la poche étroite de mon jean, lorsque j’y glissais la main – le « smiley », très mal soudé sur l’anneau de piètre qualité, est tombé. Je croyais l’avoir perdu et me sentais assez contrarié, car je ressentais une sorte d’affection pour ce tout petit objet. L’ayant vainement cherché, et le croyant définitivement perdu, je finis néanmoins par le retrouver par hasard. Je ne sais plus où ni comment.
Mais je compris par la suite que l’intérêt et que je portais à cet objet, ainsi que l’attraction qu’il suscitait en moi, ne venait pas du bijou en soi, mais plutôt de la personne qui m’accompagnait. Preuve en est que, n’ayant jamais pu recoller le « smiley », je gardais cependant l’anneau à mon doigt, qui (coïncidence troublante) se trouvait être mon annulaire. Devais-je voir dans tout cela un symbole favorable ou un funeste présage ? Un bijou brisé ou bien un lien sacré ? Cela, l’histoire ne le dit pas.